Reliefs

Reliefs, 2005
SD video installation, 576i,
6’44”, loop
With the participation of Samuel Gross

The Reliefs installation comprises a small house cut into sections and pushed into the corner of a room in which a loop video is being screened. This arrangement is set in the centre of a forest of fake fir trees and snow simulated by cat litter. The projected video relates the loss of memory of a road casualty who tries as best as he can to piece together again the elements which have led him to this outcome. Each element shown, sometimes an empty hoarding, a lighted window in a maisonette or a disproportionately large vehicle are snippets of his memory, inspired by the atmosphere of road movies. Fragments of history with no spatial continuity, the narrative of this video plunges the viewer into a strange world where, as for the protagonist, it becomes difficult to distinguish between the real and the imaginary.

On retrouve dans la vidéo de l’installation Reliefs, les éléments constitutifs de l’univers de référence du collectif_fact: les enseignes lumineuses bariolées, les trajets routiers, les objets 3d traités sommairement (volumes schématiques le plus souvent en grisaille), parfois cyniquement (les sapins sont des tourniquets de carton-pâte sur lesquels on a collé du papier peint façon branchage), les plans brusquement arrêtés qui flottent dans un espace indéfini et glissent les uns à côté des autres, le grésillement agaçant d’une installation électrique défaillante, des rapports d’échelle sujets à de brusques variations, le froid, la solitude, la nuit, une ambiance comateuse que syncopent le noir absolu et l’éblouissement. 
Manipulée par le collectif_fact, l’image de synthèse n’a jamais aussi peu mérité son nom: il n’y a pas d’histoire, il n’y a plus de lieu, mais des fragments d’histoires, qui ne s’enchaînent pas tellement, se distribuent dans des espaces morcelés, qui ne se correspondent plus vraiment. 
Reliefs inventorie des hantises: la narration risque de se figer sur l’instant arrêté, la catastrophe est toujours évoquée dans sa version soft, l’espace n’est qu’une espèce de mille-feuille voué à l’éparpillement, les halos de lumière perdus dans la nuit n’éclairent que du vide, la modélisation lacunaire et approximative du monde laisse une impression de négligence, tandis que la bande son intermittente plonge régulièrement l’image dans un silence qui la déréalise encore un peu plus. Avec ses défaillances savamment calculées, Reliefs raconte pourtant quelque chose. De quoi s’agit-il ? On ne sait pas… peut-être d’un accident? La trame narrative est une espèce de patchwork de moments dont la mise bout à bout ne suffit pas à constituer une suite rassurante, et il faut bien émettre l’hypothèse que ce monde en reconstruction via l’image numérique vaut pour un monde en déconstruction, celui que laisse filer une conscience qui chavire et confond le rêve avec la réalité. Restent des séquences d’images, comme des blocs à la dérive, dont l’intensité est d’autant plus pure que les visions qu’elles portent n’ont, pour finir, pas d’autre justification qu’elles-mêmes.
Un texte d’Hervé Laurent