No Picture, No Glory or the Triumph of Apophenia

No Picture, No Glory or the Triumph of Apophenia, 2016

HD video, 1080p

6’50’’

 

The National Gallery visitors are photographed smartphone in hands as they are exploring the gallery. Their gestures underlay the ones found on the paintings. Postures, attitudes, bodies are juxtaposed and choreographed in this brisk sequence of photographs and details of paintings captured on the spot. Viewers and the object of their gaze merged.

The video editing was deliberately assisted by images analysis and indexing software. So, the people and paintings being filmed find themselves caught up in a scenario devised by a technology that is endlessly selecting, interpreting, framing and retouching everything for us.

Un enchaînement savant d’images fixes et fondues articule détails de tableaux et visiteurs saisis sur le vif. Tout commence en les montrant alors qu’ils photographient, smartphone à la main avec fonction reconnaissance de visage, puis, comme entrant dans le détail, ce sont leurs gestes redoublant ceux des personnages peints qui sont juxtaposés, ce sont enfin les attitudes, les corps entiers qui sont mis en parallèle. Cette subtile mise en abîme du regardeur regardé et du photographe photographié pourrait aussi bien illustrer les théories du XVIIe sur le dialogue des mains et des regards pour la composition des peintures d’histoire. Cette chorégraphie des corps répond aussi à Duchamp, montrant le regardeur à l’œuvre, attentif ou assoupi, faisant l’oeuvre.

Extrait, Claude-Hubert Tatot, L’Hebdo, 8 Juin 2016

La photographie d’aujourd’hui n’est plus une simple image mais elle est connectée et liée à toute sorte de données. Nous partageons quotidiennement nos images mais comment sont-elles modifiées par les logiciels qui les relient, les regroupent et leur donnent un sens bien particulier?

Pour ce projet, une base de données d’images du lieu, des visiteurs et des peintures a été constituée dans la National Gallery de Londres. Ce processus a engendré une quantité de métadonnées tel que la position, l’heure, la détection d’un sourire, le nombre de visages, etc. Puis, le montage a été délibérément assisté par des logiciels d’analyse et d’indexation d’images. Ils ont permis d’associer des motifs récurrents tel qu’une couleur, un objet ou une expression faciale. Ainsi, de nombreuses décisions liées au montage ont été dictées par ces logiciels. Cette vidéo met donc en avant une construction narrative en détournant les outils de captation et d’analyse d’image pour en faire un acteur de la création narrative.

Les personnages et les œuvres filmés se retrouvent donc embarqués dans un scénario mis en place par une technologie qui sans cesse choisit et interprète. Cette traversée en images révèle du rapport de notre société aux images.