Entract

Entract, 2007
Installation
Media mix – Techniques mixtes
10 x 30 x 10 cm / 230V

The Entract piece does an installation with the On Stage video.

La pièce Entract fait faire d’une installation avec la vidéo On Stage.

In collaboration with Swann Thommen

The On Stage loop video and the Entract installation shows an all-encompassing demonstration bringing together demands from around the globe. So-called highly individual slogans thus vanish into the depths of a homogeneous crowd. On the way, small incidents occur. Harmless or incongruous, they rise up one after the other, bringing a touch of irony to the narrative, even cynicism. But, if the demonstration begins with this diversity in a calm and uneventful atmosphere, the scenario suddenly changes. The camera is knocked over, victim of a sombre aggression. Yet the image is eventually straightened and continues its journey. When the end of the film joins up with its beginning again, when the loop restarts, the second viewing of the same scenario is fatally weighed down by the knowledge of what is going to happen and everything that seemed free from danger is then tinged with fear.
Inspired by a text by Karine Tissot

Si les manifestations apparaissent relativement tard dans le paysage politique français, et plus tard encore en Suisse, elles se sont aujourd’hui banalisées, au point que les médias les intègrent dans les rubriques de «vie quotidienne» et que les forces de l’ordre les envisagent tels des «problèmes causés à la circulation». Force est de constater que les individus de toutes les manifestations se ressemblent et que les slogans assénés leur ressemblent. Quand bien même leurs revendications ne sont pas similaires. Dans une déclinaison colorée et démultipliée par différents messages empruntés à la réalité, les mots choisis par le collectif_fact se noient dans un cortège anonyme et les prétentions soi-disant si personnelles s’évanouissent dans l’ombre d’une foule homogène. À force de revendiquer tant de choses, dit-on encore quelque chose ? Les acteurs orchestrés par le collectif se dirigent dans une seule et même direction. Y compris le spectateur qui, face à l’écran, est porté par l’effet de groupe auquel il s’associe sans difficulté pour revendiquer ses idées. Sur le parcours, s’immiscent alors des scénettes. Anodines ou incongrues, elles surgissent les unes après les autres piquant le récit d’ironie, voire de cynisme. Mais, si la marche se compose avec cette diversité dans un climat calme et sans surprises, le scénario connaît soudainement une rupture. La caméra est renversée. Victime d’une sombre agression, elle tombe, à l’horizontale. L’image finit cependant par se redresser et poursuivre sa trajectoire. Quand la fin du film renoue avec son début, quand la boucle repart, le deuxième visionnement du même scénario est fatalement alourdi par la conscience de ce qui va advenir. Et tout ce qui paraissait sans danger est dès lors teinté d’angoisse comme le laissait peut-être présager symboliquement le noir du décor. Découpée sur ce fond noir uniforme, la manifestation est ainsi reconstituée en dehors de tout souci illusionniste. Tel un théâtre, elle se déroule dans un espace à la fois fictif et réaliste. Tous les éléments choisis, même les plus infimes, induisent l’imaginaire du spectateur à une forme de réalité fragmentaire, mais néanmoins possible. Habillé d’une esthétique lisse et surfant avec fluidité dans la virtualité, le film s’appuie sur suffisamment de paramètres réalistes comme le son d’une caméra, la retranscription exacte du mouvement de celle-ci disposée sur l’épaule ou les photos des tracts pour créer des points d’ancrage à la toile de nos projections. Une fois encore, le travail du collectif_fact s’exprime dans un langage relevant de la signalétique pour parler des scénarios catastrophiques véhiculés actuellement par notre monde médiatisé.

Un texte de Karine Tissot